Journée thématique " la révolution de la mobilité grâce au numérique : le casse-tête des premiers et derniers kilomètres en voie de résolution ?"
A l’invitation de Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle, 130 élus et acteurs des transports publics ont partagé leurs points de vue et leurs expérimentations sur la place du numérique dans leurs choix de gestion des premiers et derniers kilomètres. La révolution de la mobilité sur les déplacements de courte distance se fera grâce à la transition numérique. Toutefois, pour être performante et durable, elle devra se co-construire au plus près des besoins des utilisateurs et des spécificités des territoires.
La nouvelle rencontre de Trans.Cité s’est tenue quelques semaines avant les présentations de la Loi d’orientation des mobilités (LOM). Elle s’est déroulée à La Rochelle, ville pionnière depuis plusieurs décennies sur les questions de mobilité (premières rues piétonnes dès 1970, premiers vélos en location dès 1976 et premiers tests d’une navette autonome électrique avec CityMobil fin 2014). Dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir lancé par le Gouvernement, la ville de La Rochelle a été retenue lors de l’appel à manifestation d’intérêt de l’action « Territoires d’Innovation de Grande Ambition (TIGA) ». Celle-ci ambitionne de devenir le premier territoire urbain du littoral français à afficher un bilan territorial « zéro carbone», notamment via un engagement dans une mobilité alternative avec des ambitions de fort report modal, explique Jean-François Fountaine, maire de la Rochelle et président de la communauté d’agglomération.
En réponse à des centres-villes à décongestionner, une qualité de l’air à améliorer et des territoires périurbains et ruraux à désenclaver, « la desserte des premiers et des derniers kilomètres ne peut plus être l’angle mort du réseau », comme le note Thomas Bonhoure, directeur Aménagement et Développement économique de Versailles Grand Parc. Pour ces trajets de courte distance, la clé du succès réside en grande partie dans la diversité des modes proposés et l’intégration progressive de ces nouveaux usages dans une nouvelle politique intermodale. En effet, il n’est plus question d’opposer les modes de déplacement (modes doux, deux-roues, transports en commun, navette autonome, voiture...). « Désormais, on les combine grâce au numérique et à la mobilité connectée qui remettent l’utilisateur au cœur d’un écosystème enrichi et bâti sur de nouveaux modèles de coopération public-privé », analyse Vincent Pilloy, fondateur et directeur général de la société de conseil Inov360.
Selon Thierry Mallet, président-directeur général de Transdev, « la gestion des premiers et des derniers kilomètres est l’un des quatre piliers de la mobilité aux côtés d’une mobilité écologique, du transport connecté et d’un système de transport autonome ».
Vélos en location, en libre-service ou électriques, trottinettes et glisse urbaine, marche à pied, auto-stop renouvelé, navettes autonomes, TAD de nuit... : de nombreuses collectivités sont d’ores et déjà engagées dans l’expérimentation ou le déploiement de solutions alternatives à la voiture autosoliste et dans leur combinaison avec les modes de transports structurants pour offrir un réseau « sans couture » et « porte à porte » intégrant au mieux les premiers et derniers kilomètres :
• Chambéry
se convertit au vélobulle, un triporteur électrique, pour une desserte fine de son hyper-centre.
• Grenoble
teste en grandeur réelle les nouvelles mobilités urbaines, grâce à son
laboratoire d’exploration des mobilités (Lemon). Elle s’est engagée à créer, en
plus des 320 km d’itinéraires cyclables existants, un réseau cyclable structurant et sécurisé d’ici à 2020 entre les 49 communes
de la Métropole (Chronovélo).
• Le Havre renforce les lignes de bus dans la zone d’activité autour du port (200 entreprises, 32 000 salariés) avec du TAD zonal depuis la gare.
• Nantes mise sur la continuité d’ensemble du réseau de pistes cyclables et sa connexion avec les modes lourds de la métropole. En outre, elle crée un poste de coordinateur de la mobilité pour assurer la lisibilité et la cohérence des différents modes de transport.
• La communauté d’agglomération du Niortais expérimente la location de vélo à assistance électrique sur la partie urbaine mais également rurale de son territoire.
• Plus de 1 200 communes du Sud-Ouest redécouvrent l’auto-stop avec RézoPouce permettant de relier des territoires enclavés à travers la construction d’une communauté organisée et sécurisée.
• Le Grand Verdun revoit son plan de circulation de centre-ville et ses ronds-points pour intégrer des navettes autonomes et faire venir les habitants des territoires ruraux.
Cette problématique des mobilités - et plus particulièrement l’enjeu que représentent les premiers et derniers kilomètres - traverse toutes les agglomérations et tous les territoires. Quant à la transition numérique dans son ensemble, lourde en investissements, elle doit être conduite en dépit du caractère souvent déclinant des ressources des collectivités locales », conclut Pascal Bolo, président de Trans.Cité.