Journée thématique "Partage de l'espace public : d'un mode à l'autre, il n'y a qu'un pont"

Dans une agglomération où, longtemps, la voiture a été reine, la mobilité est l’actuelle préoccupation du Grand Avignon et de ses 16 communes en réponse à une situation géographique - entre Rhône et Durance - propice à l’engorgement et à la congestion. D’ambitieux travaux ont été engagés autour d’un réseau renouvelé et adapté au périmètre intercommunal. Mi-octobre, le premier tronçon du tramway sera inauguré pour desservir les zones denses. « Nous avons souhaité redistribuer l’espace public, atténuer la dimension très routière de la ville et mettre les mobilités douces au cœur du nouveau dispositif », explique Cécile Helle, Maire d’Avignon et 1^ère Vice-Présidente de la Communauté d’agglomération du Grand Avignon.

« Ce qui est évident pour l’eau, ressource rare, doit le devenir pour l’espace public que nous consommons », souligne Yves Crozet, économiste et professeur à l’université de Lyon (IEP). La révolution des mobilités et des usages met en avant cette nouvelle pression qui s’exerce sur l’espace public. Avec l’irruption spectaculaire et exponentielle^(*) des trottinettes électriques, tout le monde a reconnu que le moment était bien choisi pour s’interroger sur la façon dont il va falloir intégrer ces nouvelles formes de mobilité que ce soit dans l’espace public mais également dans les offres de mobilité - et sur la place qui doit être dévolue aux différents modes. « Avec les micro-mobilités, se dessine un nouveau rapport à la ville et un usage différent de l’espace public où les modes doivent entrer en résonnance », explique Sylvain Grisot, urbaniste consultant en transformation de la ville et fondateur de dixit.net. 

Si, en cette période de festival, Avignon se veut être tout particulièrement « le théâtre des réflexions sur les nouveaux usages de la mobilité », selon la formule d’Edouard Hénaut, directeur général France Transdev, il n’y a pas que sur le pont d’Avignon que l’on danse désormais différemment. 
En effet, elles sont de plus en plus nombreuses ces villes où l’on redistribue l’espace public en faveur des modes actifs et non carbonés, « ces villes que l’on recoud » comme le dit Stéphane Schultz, conseil en stratégie et innovation et fondateur de 15 Marches : 

• A Lunéville, on équipe les collégiens et les lycéens de vélos, et on leur enseigne la pratique avec un objectif de développement d’usage et de meilleure optimisation des circuits scolaires ;

• A Nantes, un Conseil des Usagers de l’espace public permet aux différents acteurs (piétons, cyclistes, motards, joggeurs...) de valoriser les expertises d’usage et de proposer des aménagements adaptés à la demande ;

• A Valence-Romans, la collectivité change de braquet avec le vélo à assistance électrique en libre-service et crée des itinéraires structurants impliquant 67 communes ;

• A Bordeaux, le Pont de Pierre, naguère proie des conflits d’usage, est désormais rendu au tramway et aux mobilités douces et actives, et permet de redécouvrir la ville ;

• A Grenoble, « métropole apaisée », les enfants redessinent la rue avec des outils numériques et l’on piétonnise d’autres secteurs que ceux identifiés préalablement.

« Les micro-mobilités bousculent le partage de l’espace public. Il nous faudra redimensionner les réseaux, trouver les bons terrains de convergence et assurer une cohabitation harmonieuse dans cette révolution des usages aux enjeux tant environnementaux qu’économiques », conclut Daniel Fidelin, Président de Trans.Cité, Vice-Président de la Communauté urbaine Le Havre Seine Métropole et Maire de Montivilliers.