Pour des mobilités inspirantes, au cœur de l’espace transfrontalier Bâle-Mulhouse-Fribourg

Sous le haut patronage et avec l’implication passionnée de Christiane Eckert, Vice-présidente de Trans.Cité et Présidente de Soléa (Mulhouse), Trans.Cité a tenu sa 32e Convention annuelle, du 29 novembre au 1er décembre derniers, au cœur de l’espace trinational entre Bâle, Fribourg et Mulhouse. Cette plongée au sein d’un espace transfrontalier singulier a fourni un point d’observation idéal pour comprendre comment s’organise ici la mobilité et se gèrent les flux sur un territoire de 920 000 habitants traversé chaque jour par des milliers de frontaliers.

 « La lutte contre les frontières, quelles qu’elles soient, constitue un levier majeur pour développer et adapter la mobilité du quotidien, traduisant l’esprit de la LOM », a indiqué en introduction Luc François, Président de Trans.Cité, Vice-président Transports et Mobilités de Saint-Étienne Métropole. C’est donc dans un bassin de vie et de mobilité trinational et plus largement autour de la question du dépassement des frontières géographiques, administratives et politiques que Trans.Cité a rassemblé plus de 120 élus et acteurs des transports publics. D’une ville à l’autre, de tables-rondes en visites sur le terrain, ils ont pu découvrir des mobilités plurielles et des infrastructures particulièrement inspirantes. Citons notamment l’incontournable éco-quartier Vauban, la plateforme intermodale avec son parking vélo en silo de 1 000 places à Fribourg, le Smart City Lab et la visite guidée par Alain Groff, Directeur de la Mobilité de Bâle ou encore l’évocation de la reconfiguration du réseau au sein de Mulhouse Alsace Agglomération dans une démarche de co-construction élus-usagers, avec Yves Goepfert, Maire de Wittelsheim, Vice-président transports et mobilités, Mulhouse Alsace Agglomération.

Au-delà des différences de réglementations, de langues ou de cultures, « des coopérations transfrontalières et singulières se sont développées au fil des décennies, à l’image de la gestion exemplaire de l’Euroairport de Bâle-Mulhouse, unique aéroport binational au monde ou encore du projet d’agglomération Vision d’avenir 2040 déployé sur le territoire trinational », comme l’a exposé Stéphane Dreyer, Chargé d'études principal mobilités-réseaux à l’agence d’urbanisme de la région mulhousienne. Citons également 3Land, vaste projet d’urbanisme concernant l’aménagement d’un quartier réunissant les villes de Huningue, de Weil-am-Rhein et le Canton de Bâle-Ville ou encore l’ambitieux projet de déplacement du port rhénan de Bâle.

Qu’elles soient en cours ou à venir, de nombreuses autres réalisations transfrontalières témoignent de « l’intelligence collective mise à l’œuvre par tous les acteurs qui partagent ici un seul et même bassin de vie », a rappelé Jean-Marc Deichtmann, Président de Saint-Louis Agglomération et maire de Huningue.

• Saint-Louis a été lapremière commune traversée par une ligne de chemin de fer transfrontalière. Longtemps, et à tort, considérée comme la ville-dortoir de Bâle, elle a inauguré une nouvelle ligne de tramway reliant Saint-Louis à Bâle.

• La communauté d’agglomération Saint-Avold Synergie, à la frontière de Sarrebruck, a remis en service une ligne de bus qui nourrit les mobilités du quotidien, irrigue dix villes et quatre EPCI. Elle finalise en parallèle son schéma cyclable dont profiteront pleinement ses voisins sarrois.

 Weil-am-Rhein a rappelé l’énergie déployée par l’indispensable bloc local et par les « Européens du quotidien » pour convaincre les échelons régionaux et nationaux de remettre en service la « passerelle des Trois Pays » après des dizaines d’années d’absence de liaison entre Huningue et Weil-am-Rhein.

Pour Sébastien Martin, Président d’Intercommunalités de France et Président du Grand Chalon, « c’est effectivement par les logiques de bassins de vie que l’on construit les coopérations. Il faut essayer de chercher les échelles pertinentes pour répondre avant tout aux besoins des concitoyens qui se moquent des limites administratives mais qui attendent des pouvoirs publics des réponses à leurs problématiques du quotidien. »

Des coopérations et des échelles de pertinence qu’il faut savoir bien appréhender pour la mise en œuvre de politiques publiques de mobilité. C’est notamment le cas avec le déploiement des ZFE-m, définies sur des périmètres urbains denses, rendues obligatoires pour les agglomérations de plus de 150 000 habitants au 1er janvier 2025 et qui vont impacter la mobilité de tous les Français, à l’échelle nationale.

Pour introduire ce sujet, ce sont les conditions de la réussite de concepts déployés pour des villes voulues apaisées et durables qui ont été recensées avec Alexandre Erath, Professeur transport et mobilité à la FHNW Basel, comme à Bâle-Campagne (« autoroute du vélo »), à Barcelone (supers îlots de verdure), à Gand (nouveau plan de circulation) et à Paris 19e(concept de « ville en quinze minutes »). Le canton Bâle-Ville n’est pas en reste ayant adopté une nouvelle stratégie de mobilité pour tenir l’objectif d’une neutralité carbone dès 2037 a précisé Kaspar Sutter, élu du canton en charge des affaires économiques, sociales et de l’environnement.

En réponse à la préservation de la qualité de l’air, le déploiement progressif et déjà engagé des ZFE-m, leur construction, leurs conditions d’accès, leur cohérence d’un territoire à l’autre et leur acceptabilité ont notamment été passés en revue. Entre état des lieux des diverses émissions de polluants, promesse de villes respirables, risque d’élargissement de la fracture territoriale et, plus encore, « bombe à retardement sociale et sociétale », les ZFE-m concentrent de forts enjeux pour les plus précaires des habitants, les élus et tous les acteurs du transport.

« Le risque de report et d’étalement urbain » a cependant été pointé par Marie Atinault, Créatrice de +2, Consultante auprès des territoires en transition. « Les ZFE ne vont pas régler la question de la pollution de l’air dans les villes d’autant que, bien souvent, en réglant un problème à un endroit, on ne fait que le déplacer ailleurs », a ajouté en prolongement Guy Bergé, Président d’ATMO France. Pour Anne Terlez, Vice-présidente déléguée aux transitions durables, à l’habitat et à la politique de la ville de Seine-Eure agglomération, « c’est à la logique des bassins de vie et du bloc local que l’on peut décliner des solutions pertinentes et des solutions 360° », Enfin, concernant l’accès aux zones ZFE, « on sait que l’entrée prochaine dans une phase répressive comporte un risque social car elle s’adresse potentiellement à 50 % des véhicules, qu’ils soient sans vignette ou avec une vignette Crit’Air 5 », a souligné Didier Luces, Pilote de l’axe Partenariat du réseau Mob’in France.

« Tous ces points durs et un certain nombre de mesures d’accompagnement nécessaires au déploiement des ZFE ont été identifiés à l’occasion de la mission Flash », comme l’a rappelé Bruno Millienne, Député des Yvelines et rapporteur de cette mission.

Pour conclure les travaux de la Convention, il a été proposé de faire un pas de côté en invitant le journaliste Jean-Laurent Cassely à interpeller tous les acteurs sur des enjeux de mobilité qui dépendent pour beaucoup de « l’archipéllisation » des modes de vie décrite dans son dernier ouvrage co-écrit avec Jérôme Fourquet, « La France sous nos yeux ».

Enfin, comme l’a souligné avec insistance Thierry Mallet, Président directeur général de Transdev Group, « la transition énergétique et le report modal ne seront des succès que s’ils restent inclusifs au service d’une ville apaisée et solidaire".

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