"Lignes d’autocar express et à haut niveau de service : Solution d’avenir"
Trans.Cité a organisé le 5 avril dernier à la Banque des Territoires une journée-débat consacrée aux lignes d’autocar express et à haut niveau de service.
Cette nouvelle rencontre, placée sous la présidence de Luc François, Vice-président transports et mobilités de Saint-Etienne Métropole, Maire de la Grand’Croix, a réuni aux côtés des membres de l’association, des représentants de l’Etat et des collectivités, ainsi que des spécialistes de l’économie des transports et de la route. Ils ont proposé une nouvelle vision de l’autocar en l’associant davantage à une solution globale pour la cohésion des territoires qu’à un mode réservé à des usages interurbains.
Au détour de 4 tables rondes entre prospective et retours d’expériences, deux questions majeures ont émergé :
- Dans quelle mesure ces services express représentent-ils une alternative crédible à l’utilisation de la voiture individuelle ?
- Quels sont les facteurs de réussite du déploiement de ces lignes ?
Les apports des intervenants enrichis de la participation animée de la salle ont permis de dégager plusieurs éléments de réponse.
La ligne d’autocar express : une solution adaptée aux crises climatique, territoriale et sociale
Parce qu’elles permettent un déploiement via l’usage d’actifs existants (réseau routier et véhicules), les lignes d’autocar express permettent, là où c’est pertinent, de s’épargner les investissements massifs du ferroviaire et répondent à la nécessité d’accompagner rapidement la transition écologique dans les mobilités du quotidien, notamment avec la mise en place des ZFE-m.
Elles sont aussi, comme Christophe Bouillon l’a rappelé en tant que Président de l’Association des Petites Villes de France et Président de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, un moyen de favoriser, à l’échelle d’un périmètre d’usage -le bassin de vie- une mobilité plus inclusive et de désenclaver les petites villes.
Enfin, elles peuvent représenter une alternative à la voiture individuelle qui pèse encore lourd dans le budget des Français. Là où elles sont déjà déployées, elles sont un vecteur d’économie qui permet aux usagers de gagner en pouvoir d’achat.
Un service qui répond aux attentes des usagers
Parce qu’ils répondent à l’augmentation des déplacements longs du quotidien et à des modes de vie qui, depuis le COVID, se structurent parfois entre deux résidences, ces services express rencontrent leur public.
Souvent exploités sur des voies réservées, ils garantissent aux usagers un temps de trajet indépendant des congestions et transforment ainsi le temps contraint en temps utile… atouts précieux dans l’incitation au report modal.
Déploiement des lignes d’autocar express : quels sont les facteurs de réussite ?
A quelques semaines de la remise de son rapport mandaté par la Présidente de la Région Ile- de-France sur la création de nouvelles lignes de car express en Ile-de-France, François Durovray, Président du Conseil départemental de l'Essonne en a dévoilé les principes directeurs :
- relier les zones d’habitat et les zones d’emploi
- assurer des liaisons le long de corridors existants et parfois parallèles au transport public
- raccorder les lignes de car express au réseau structurant existant et à venir (Grand Paris)
- s’inscrire dans une logique d’aménagement du territoire en reliant entre elles les villes de la grande périphérie francilienne.
En termes de gouvernance, plusieurs témoignages dont ceux d’Arnaud Catherine, Vice-président en charge des mobilités de la Communauté d’agglomération du Cotentin, Pierre Gachet, Maire de Créon et de Laurent Stemmelen, Chargé de projet Réseau Express Métropolitain Européen de l’Eurométropole de Strasbourg, ont mis en lumière la nécessaire « entente territoriale » pour dépasser les frontières administratives et réussir des projets à l’échelle du bassin de vie.
Si, comme l’a indiqué Pierre-Yves Appert, Adjoint à la sous-directrice multimodalité, innovation, numérique et territoires, coordinatrice de l’Agence de l’innovation pour les Transports, l’idée d’un appel à projets est en réflexion à horizon 2025. Il est aisé de faire un parallèle avec les appels à projets transports en commun en site propre (TCSP) qui concernait les centres urbains.
Bien sûr, la réussite d’une ligne d’autocar express va de pair avec une réflexion sur la convergence des modes et la proposition à l’usager d’un bouquet de mobilité : que ce soit via l’installation d’emports de vélos à l’arrière des autocars (comme c’est déjà le cas en Région Sud) ou par l’aménagement de pôles d’échanges qui doivent être accessibles et rester confortables même lorsque leur fréquentation est élevée.
Enfin, il ne faut pas négliger le travail sur l’acceptabilité de ces lignes, qui, lorsqu’elles empiètent sur l’espace de la voiture, demandent des temps de pédagogie. Kamel Ould-Saïd, Directeur général adjoint logement, aménagement, transports du Conseil régional d’Ile-de-France a expliqué qu’il prônait une « écologie des solutions plutôt qu’une écologie punitive ».
En conclusion, Luc François, a salué la richesse des débats. Il a insisté sur le fort potentiel des lignes d’autocar express pour gommer les frontières administratives, désenclaver les territoires peu desservis et aussi, désengorger les territoires urbains lorsque cela est nécessaire. En se concentrant sur les périmètres d’usage, les lignes d’autocar express peuvent accélérer le report modal et « transformer l’autosoliste en usager du car » … Elles ont toute leur place dans les bouquets de services multimodaux proposés par les territoires : « les bons services aux bons endroits aux bons moments ! »