Journée-débat coorganisée avec l'Ademe

Le 8 avril dernier à l’Hôtel de Pomereu a eu lieu une journée-débat co-organisée par Trans.Cité et l’ADEME pour traiter des enjeux de la transition énergétique des flottes de transport à l’heure de la planification écologique.

Aux côtés des membres de l’association, cette journée a réuni des représentants de l’Etat, des collectivités, ainsi que des spécialistes de la mobilité, du climat et de la transition énergétique. 

Cette rencontre a été ouverte par Luc François, Vice-président transports et mobilités de Saint-Etienne Métropole, Maire de la Grand’Croix, et Sylvain Waserman, Président-Directeur Général de l’ADEME. S’en est suivi un programme à visée pédagogique spécialement conçu pour éclairer les collectivités territoriales dans leurs choix énergétiques, à un moment où l’instabilité du cadre normatif suscite des hésitations.

 Deux questions essentielles ont structuré les débats :

  • Comment construire sa stratégie de mix énergétique à l’échelle de son territoire ?
  • Comment assurer le financement de ces nouveaux équipements dans la refonte plus globale d’une offre de mobilité qui permettra la neutralité carbone en 2050 ?

Pour ouvrir la première table ronde, Manoela Araujo, Experte transition énergétique chez Transdev a dressé l’état des lieux de la transition des parcs d’autobus et d’autocars français. Elle a également livré un panorama des solutions existantes en précisant les avantages et inconvénients de chaque technologie.

Diane Strauss, Directrice générale de Transport & Environnement, Directrice de recherche à l’Université de Yale sur la finance durable, a ensuite présenté l’électrique comme le « choix de la raison » dans un contexte normatif caractérisé par le Green deal de 2018 et une directive qui renforce les mesures sur la qualité de l’air.

Jean-Marc Boucheret, Responsable mobilité durable chez Iveco Bus a expliqué comment après s’être concentré sur le gaz, le constructeur avait orienté la conception des véhicules en « électromobilité native ».

Pour illustrer l’expérience du terrain, Philippe Charlot-Florentin, Vice-président en charge des transports et des mobilités à la Communauté de communes Vallée Chamonix-Mont-Blanc a partagé les choix de son territoire en présentant les différentes technologies qui y avaient déjà été déployées (bus hybrides, minibus électriques, bus au GNV…). Il a conclu sur la nécessité pour les collectivités territoriales d’être aidées par un accompagnement en ingénierie financière et expertise technique pour définir le mix énergétique adapté au territoire et éviter ainsi des investissements qui pourraient être regrettés.

Annabelle Ferry, Directrice territoires et ville au Cerema a présenté l’offre d’accompagnement du Cerema pour aider les collectivités à bâtir les meilleures stratégies, en restant dans une posture d’expertise publique et de tiers de confiance. Elle a notamment annoncé la sortie d’ADAMOB, un outil d’aide à la décision attendue pour fin 2024.

Un éclairage international a été donné par Antoine Colas, Directeur général international du Groupe Transdev. En exposant la révolution Colombienne de Bogota avec son TransMilenio qui vit une conversion importante vers l’électrique depuis 2017, il a notamment expliqué l’impact social de l’électrification des transports sur l’attractivité des métiers et leur féminisation.

Après avoir abordé les questions de choix du mix énergétique, une séquence spécifique a été consacrée à son financement et aux aides disponibles. Il s’agissait de voir comment le « mur d’investissement » (10 milliards d’euros pour le renouvellement des flottes entre 2023 et 2030 d’après le GART) pourrait être franchi par les collectivités.

En introduction des débats, Diane Simiu, Directrice du climat, de l’efficacité énergétique de l’air à la DGEC a d’abord rappelé que l’électrification des flottes de bus et de cars n’était qu’une partie de la réponse pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050. En effet, c’est aussi plus largement le report modal qui permettra de limiter les émissions de GES des voitures individuelles.

En résonnance, Martine Joly, Présidente de la communauté d’agglomération Meuse-Grand-Sud, Maire de Bar-Le-Duc a décrit la nouvelle vision des transports de son territoire qui, au-delà des véhicules Euro 6, dépasse la transition énergétique en proposant une nouvelle offre globale plus attractive (VAE, nouvelle livrée pour les véhicules…).

Pour résoudre l’équation financière climatique, Jérémie Almosni, Directeur villes et territoires durables à l’ADEME, a plaidé pour une vision partagée Etat/collectivité et a présenté les aides proposées par l’ADEME en phase amont des investissements.

Benjamin Garcia, responsable environnement de la branche services courrier colis au Groupe La Poste a présenté l’approche par coût global de la flotte de la Poste et a montré comment le groupe avait adapté son usage des véhicules pour optimiser ses investissements (distance des trajets, écoconduite..).

En clôture de cette séquence, Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports, a incité à une prise de hauteur en dépassant le choix énergétique des véhicules et en envisageant 5 leviers pour décarboner : la demande de transports, le report modal, le remplissage des véhicules, la consommation énergétique des véhicules et l’intensité carbone de l’énergie.

Pour conclure les débats, Luc François, a insisté sur l’unicité de la réponse à apporter à chaque territoire en fonction de ses spécificités tout en intégrant les données du patrimoine existant. 

Le cadre normatif de la planification écologique

Principaux textes règlementaires :

  • Le règlement européen CO2
    Pour les autobus neufs
    90% de réduction des GES sur les autobus neufs à partir de 2030 et 100% à partir de 2035
    Pour les autocars neufs
    45% de réduction en 2030
    65% de réduction en 2035
    90% de réduction en 2040
  • Le Green Deal ou Pacte Vert pour l’Europe : une quinzaine de textes qui remettront l’UE sur la voie du 1,5 degré avec notamment un objectif de zéro émission à l’échappement pour les bus en 2035, ce qui défavorise les biocarburants et privilégie l’électrique et l’hydrogène.
  • La Directive européenne sur la qualité de l’air ambiant qui fixe des seuils d’émissions de polluants par ville.

Objectifs de la planification écologique en France : 

  • 2050 : neutralité carbone
  • 2030 : réduction de 36 millions de tonnes de GES
        o  Part de l’électrification de la voiture individuelle : 12 millions de tonnes
        o  Part de l’électrification des bus et des cars : 1 million de tonnes

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